Alimentation BARF : pour ou contre ?

Depuis quelques années on voit apparaître un nouveau type d’alimentation à la mode dans les rangs des propriétaires de chiens et de chats et chez certains éleveurs : il s’agit de l’alimentation BARF (signifiant en anglais Biologically Appropriated Raw Food ou Bones And Raw Food). Cette alimentation consiste à nourrir son animal de compagnie exclusivement avec des aliments crus (viande, os, abats, légumes, fruits etc…), elle a été élaborée par le Dr Ian Billinghurst en Australie. Le but est de se rapprocher de ce que mangent dans la nature les canidés sauvages et plus particulièrement le loup.

loup mangeant de la viande

Cette mode part d’un bon sentiment : apporter à son compagnon ce qu’il y a de mieux pour garantir sa santé. C’est tout à fait compréhensible et on imagine bien le rejet que peuvent éprouver certaines personnes face à l’alimentation industrielle quand on voit les scandales qui ont entachés ces derniers temps l’industrie agro-alimentaire humaine.

Mais finalement, le chien est-il un loup comme les autres ? est-ce vraiment bénéfique de passer au BARF ? Il faut dire que la question est vraiment polémique et deux camps s’opposent vivement : les pro et les anti-BARF. Nous allons énumérer les arguments des 2 camps avant de voir les conclusions que nous pouvons en tirer.

Les arguments POUR le BARF

– des dents propres et saines

– un beau poil et un chien musclé

– des selles de faible volume et non odorantes

Il est important de souligner que les arguments pour le BARF n’ont jamais fait l’objet de la moindre étude scientifique publiée et ne proviennent que du ressenti des propriétaires de chien ou de chat.
Une seule étude (Kerr et al, 2012) montre une augmentation de la digestibilité (de l’ordre de 8%), mais cette amélioration est entre le BARF et les croquettes : il n’y a pas de d’amélioration de la digestibilité entre le BARF ou une alimentation ménagère classique avec des aliments cuits.

chat mangeant barf

Les arguments CONTRE le BARF

– la présence d’os présente un risque d’occlusion intestinale, de perforation intestinale et de lésions sur les dents. L’argument type des Barfers et de dire que les os crus ne cassent pas de la même manière que les os cuits et ne sont donc pas dangereux. Cela n’est pas tout à fait vrai, les os crus sont moins nocifs mais ils représentent quand même un risque. Le Dr Billinghurst propose même dorénavant de les mixer avant de les faire manger.

– la viande crue est souvent contaminée par des bactéries nocives (E. Coli, Salmonelles…). Certes les animaux domestiques y sont moins sensibles (et manger BARF renforcerait encore plus l’immunité contre ces bactéries) mais sur un animal immunodéprimé, jeune, vieux ou faible ces bactéries peuvent occasionner des maladies sévères. De même, ces mêmes bactéries vont se retrouver ensuite dans les selles de l’animal, dans sa bouche, il faudra alors être particulièrement vigilant si l’on a de jeunes enfants à la maison : le chien ou chat devra manger à un seul endroit et ne pas disperser ses aliments dans la maison. Le Dr Billinghurst préconise d’ailleurs de respecter le même niveau d’hygiène que pour l’alimentation humaine. Une étude a analysé des rations BARF et y a trouvé dans 48 % des salmonelles !

– difficile d’obtenir une ration équilibrée. Il existe des rations types pour chaque sorte d’animal (croissance, adulte, gestation, vieillesse…), toutefois même en étant consciencieux, il est difficile de garantir l’équilibre nutritionnel pour son compagnon à 4 pattes. Une étude de 2011 (Dillitzer et al) portant sur 95 régimes BARF et analysant entre autres les taux de calcium, phosphore et vitamine A a trouvé que 60 % étaient déséquilibrés (donc soit carencés pour certains nutriments ou excessivement riches). Cela représente plus de 1 sur 2 !

Notre analyse et notre avis

L’alimentation BARF repose sur le constat que le chien est un carnivore de la même famille que le loup et qu’il devrait donc manger comme lui. Le constat de départ est toutefois erroné, certes le chien descend du loup mais le chien a été domestiqué il y a 10 000 ans ! son métabolisme s’est donc adapté depuis cette période et cela fait 10 000 ans qu’il reçoit de la viande cuite en mangeant les restes des hommes qu’il côtoie. Peut-on revenir à l’alimentation d’il y a plus de 10 000 ans sans problème ? cela ne va pas de soi.

Vouloir nourrir son chien ou son chat naturellement est une intention louable, on veut tous donner à ceux que nous aimons le meilleur. Toutefois, il est excessif de rejeter l’alimentation industrielle en bloc : l’apport d’une alimentation complète via des croquettes ou des pâtées a amélioré l’espérance de vie des chiens et des chats depuis 50 ans et de nombreuses maladies autrefois présentes ont disparu car les aliments industriels apportent les nutriments nécessaires pour éviter ces maladies (on pourra citer la cardiomyopathie dilatée du chat qui était due à une carence en taurine et a complètement disparu grâce à la supplémentation dans les aliments).

Par ailleurs, une thèse vétérinaire montre que la ration BARF est beaucoup trop riche en phosphore et calcium, ce déséquilibre peut ne pas avoir trop d’impact sur un chien adulte mais sur un animal en croissance ou un animal présentant une insuffisance rénale ou hépatique, cela peut avoir des effets néfastes.

Alors BARF ou pas BARF ? si on interroge des Barfers, ceux-ci sont pleinement satisfait de ce régime et celui-ci convient très bien à leur chien. C’est tout à fait possible, et cela donne envie de les imiter. En fait c’est à chacun de peser le rapport bénéfice / risque et de choisir en connaissance de cause. Pour un animal en croissance ou souffrant d’une pathologie, j’éviterais toutefois de lui donner un tel régime car dans ces cas-là on fait pencher le rapport plus en direction des risques que des bénéfices.

Et puis on peut aussi faire plaisir à son chien en lui donnant une alimentation ménagère classique : les vétérinaires connaissent bien les rations ménagères et peuvent vous conseiller. Si on veut choisir une alimentation industrielle, il vaut mieux se tourner vers des marques Premium et éviter le premier prix.

chien mangeant barf

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9 Replies to “Alimentation BARF : pour ou contre ?

  1. Bonjour,

    Ce type d’article ne peut avoir été écrit que par quelqu’un qui n’a jamais essayé le BARF, c’est certain. Faire sous-entendre qu’une idée est douteuse sans l’avoir essayé soi-même durant un laps de temps peut confondre le lecteur de cet article.

    Certes, il n’y a pas d’études pour le BARF. Mais qui financerait une étude qui rend enfin la pleine santé aux animaux ??? et qui ne rapporte rien surtout aux industries ? Toutes les études actuelles sont financées par les industries pharmaceutiques et du pet-food, et bien sûr aucune n’ira à l’encontre de ses enjeux financiers….

    Vous dites qu’il y a moins de maladie avec l’industriel. Alors pourquoi voit-on tant de cliniques vétérinaires fleurir au fil du temps? Il faut des malades pour financer ces établissements.

    Celui qui donne le BARF à son animal, ne se fait plus leurrer par les slogans publicitaires ou la belle parole vétérinaire, la plupart des vétérinaires sont mercantiles, ils appliquent des principes médicaux qui sont interdites en médecine humaine. Ils sont aussi prescripteurs et revendeurs, de gros gains financiers sont en jeu.

    La plupart des vétérinaires ont oublié le serment d’Hyppocrate : surtout ne pas nuire.

    Je rêve que mon chien puisse parler pour dire ce qu’il pensait réellement des croquettes d’une très grande marque de son vétérinaire préféré…. et qui l’ont presque conduit vers une fin de vie précoce.

    Isa

    1. Bonjour Isa,

      Merci pour votre message constructif.
      Sachez que l’auteur de cet article n’a aucun parti pris et a voulu faire l’inventaire des informations que l’on pouvait trouver sur le Barf, en toute objectivité.
      Il est vraiment dommage qu’aucune étude scientifique n’ait pu à ce jour quantifier les avantages que décrivent nombres de propriétaires de chien. Sachez toutefois que toutes les études ne sont pas forcément financées : il existe des études dites « rétrospectives » qui reprennent les données des grosses cliniques vétérinaires types cliniques d’université. Ce type d’étude ne demande pas de financement mais peut-être n’y a-t-il à l’heure actuelle pas assez de recul car pas assez de cas recensés. Du coup vous allez me répondre que c’est normal car les chiens au Barf ne fréquentent pas les cliniques vétos car ils vont bien :-))) et vous aurez bien raison de répondre cela !!
      Au final on ne trouve que des études faisant part de certains risques. C’est comme pour tout : il faut en être conscient. Quand je me mets au soleil j’ai une belle peau bronzée et en plus cela renforce mes os grâce à la vitamine D mais mon dermatologue me répète à chaque contrôle que je risque d’avoir un mélanome…
      Vous citez le nombre de cliniques vétérinaires, celui-ci a effectivement augmenté depuis 50 ans mais cela est surtout lié à l’augmentation de la population des animaux de compagnie.

      Bien cordialement,
      Chafox

      NB : si vous trouvez dans la littérature des études publiées mettant en avant les avantages du Barf : revenez sur ce blog pour poster un commentaire, la liste est ouverte et je pense bien qu’elle va évoluer dans le temps 🙂

  2. Bonjour,
    Une remarque pour dire que la notion d’adaptation d’un chien sur 10 000 ans porte à confusion. Oui, le chien, le chat,… se sont adapté à la nourriture qu’on leur donne (et ceci avec des effets néfaste sur leur santé), mais en 10 000 ans il n’y a pas eu de « transformation » donc le chien est toujours un carnivore opportuniste et donc clairement le régime alimentaire BARF est le plus adapté.
    Déjà pour l’humain s’est pareil, on s’est « adapté » à manger du gluten dans le blé pendant des milliers d’années, mais on n’a pas en si peu de temps évolué, transformé si on en croit le nombre de problème intestinaux croissants que l’homme connait.
    Il faut que des études sérieuses se fassent sur le BARF pour prouver le coté positif et stopper le lobbying des grandes marques de croquettes ainsi qu’ouvrir les yeux des vétérinaires qui gagnent bien trop d’argent en vendant ces produits. Quel est l’intérêt pour eux de se priver de ces bénéfices? Aucun.
    A notre aussi que les vétérinaires n’ont qu’un seul cours de 30 heures en diététique sur un cursus de 5 ans, et sponsorisé par Royal Canin (en Belgique).
    C’est un peu comme si on considérait que tous les médecins étaient dététiciens ou nutritionistes. Ce n’est pas les même études pour les diététiciens et c’est une spécialisation pour être nutritionsite.

    Bien à vous,

    1. Je suis assez d’accord avec vous.
      Il faut que des études sérieuses fassent avancer les choses.

      NB : En France, les cours ne sont pas sponsorisés !

      Bien cordialement,
      Chafox

  3. C’est quand même assez osé pour les arguments en faveur du BARF : selles, dents, poils… Ce ne sont là que des indicateurs. Le réel argument est à chercher du côté de la santé : ceux qui donnent du BARF à leurs chiens sont convaincus de donner une alimentation de qualité supérieure et de permettre une meilleure santé à leurs chiens. Vrai ou pas, c’est une autre question, mais ce que vous faites est très impartial : qui va risquer – d’après vous – de mettre en danger son chien pour avoir des selles moins odorantes?

  4. Si c’est un vrai vétérinaire qui a écrit ce texte, il doit savoir que l’appareil digestif d’un carnivore est différent d’un ruminant par exemple.
    Que cette différence (longueur de l’intestin, nbre de poche dans l’estomac) ne lui permet pas de traiter végétaux et céréales de la même manière qu’une vache ou qu’un humain.
    Si l’humain a integré des céréales dans le bol alimentaire des chiens & chats, ce n’est que pour une question de profil. les proteines sont en effet moins cher que les proteines animales. Cela permet aux industriels de s’en mettre pleins les poches.
    Une alimentation 100% BARF n’est peut-être pas la meilleur (!!! os)… mais !!! malgré tout à la composition de pâtées, croquettes et autres… où le premier ingredient est les céréales!

    1. Que cette différence (longueur de l’intestin, nbre de poche dans l’estomac) ne lui permet pas de traiter végétaux et céréales de la même manière qu’une vache

      Ben oui, personne ne demande aux chiens de manger une ration de vache, bizarre votre remarque…

      de la même manière qu’une vache ou qu’un humain.

      Du coup, mettre la vache et l’humain au même niveau, vous y allez fort !

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