Le regard coupable chez le chien

Médor a vidé la poubelle, déchiqueté vos papiers, volé vos sous-vêtements ou encore déposé une belle crotte sur le tapis du salon…, c’est à ce moment là que vous rentrez chez vous et avant même d’avoir vu les preuves du méfait, vous vous doutez qu’il s’est passé quelque chose vus l’attitude de votre cher compagnon à 4 pattes et son fameux regard coupable !!

Mais le regard coupable d’un chien a-t-il la même signification que le regard coupable d’un être humain ? Avec ce regard, votre chien veut-il vous dire qu’il a connaissance de sa faute et cherche à se faire pardonner ?

Même si c’est ce que pense la majorité des propriétaires de chien, rien n’est moins sur et les études scientifiques tendent plutôt à prouver le contraire : ce fameux regard coupable n’aurait aucun rapport avec de la culpabilité.

Ce que l’on sait…

D’après le Larousse, la culpabilité est un sentiment de faute ressenti par un sujet, que celle-ci soit réelle ou imaginaire.

La culpabilité aide dans les relations sociales car reconnaitre ses erreurs est le premier chemin vers le pardon (comme le dit l’adage, faute avouée, à moitié pardonnée).

Un humain qui ressent de la culpabilité va adopter un regard coupable et quand il voit un jour ce même regard dans les yeux de son chien, il s’imagine que celui exprime lui aussi de la culpabilité.

Ce regard est souvent associé à une posture particulière chez le chien comme :
– se faire plus petit,
– se cacher dans un espace confiné,
– adopter une posture non menaçante,
– ne plus bouger,
– éviter le regard de son maitre,
– avoir la queue entre les jambes,
– lever une patte, etc…

Ces postures sont en réalité des postures de soumission ou de peur, qui servent normalement à réduire les conflits avec les autres animaux.

Les études

Dans une étude de 2009, Alexandra Horowitz a montré que le regard coupable était lié à la réprimande donnée par le propriétaire.

Dans cette étude, le chien reste dans une pièce et son propriétaire lui ordonne de ne pas manger une friandise, Quand le propriétaire sort, une partie des chiens mange la friandise, tandis que pour une autre partie des chiens, la friandise est enlevée par un opérateur. Quand le propriétaire revient ensuite dans la pièce, soit il va disputer son chien, soit il va juste le saluer.

>> En l’absence de toute réprimande, il n’y a pas de différence de regard coupable entre les chiens qui ont mangé la friandise et ceux qui ne l’ont pas mangée. Le regard coupable n’est donc pas lié à la réalisation effective de la bêtise ou pas.

Par contre, le regard coupable est beaucoup plus prononcé et présent chez les chiens qui sont disputés et réprimandés, par rapport à ceux qui ne le sont pas.

les résultats de cette étude montrent clairement le rapport regard coupable <-> réprimande.

Toutefois, beaucoup de propriétaires vont rétorquer : oui mais mon chien fait son regard coupable alors que je n’ai pas encore vu la bêtise et avant même que je l’ai disputé.

On peut imaginer 2 hypothèses pour expliquer cela :

-Alors soit Hypothèse 1 : le regard coupable de Médor est vraiment relié à un sentiment de culpabilité

-Soit hypothèse 2 : Il y a eu une association antérieure dans l’esprit du chien par rapport à une situation similaire où il s’est déjà fait disputer. Les preuves au sol + la réaction du maitre dans le passé > regard coupable pour essayer de diminuer la réaction du propriétaire et les réprimandes.

Toutes les études vont dans le sens de la deuxième hypothèse.


Par exemple, en 1977, une étude a été réalisée par Vollmer sur une chienne appelée Nicki.


Ce regard coupable semble bien être ici une réponse conditionnée à la preuve au sol (c’est à dire le papier en charpie) et la présence de son maitre qui l’avait déjà disputée par le passé dans le même genre de situation.

Nicki faisait régulièrement la bêtise de déchiqueter du papier. Pour l’étude, son propriétaire a mis lui même du papier en charpie à la place de sa chienne puis il est parti. Au moment de son retour, Nicki a adopté le même regard coupable que d’habitude alors qu’elle n’avait rien fait.

Que devons nous retenir de tout ça ??

Alors coupable ou pas coupable ?

La question du regard coupable n’est pas la question de la culpabilité en elle-même.

Un chien peut-il ressentir de la culpabilité ? À l’heure actuelle, la question n’est pas tranchée et on ne sait pas si cette émotion fait partie de l’arsenal de nos chers toutous.


Donc même si on dit « un chien qui montre un regard coupable ne ressent pas de culpabilité », cela ne signifie pas qu’un chien ne peut pas ressentir de la culpabilité.

Que signifie donc le regard coupable ?

Le regard coupable que nous fait Médor ne traduit donc pas de la culpabilité au sens où nous l’entendons mais signifie que le chien a appris à minimiser la situation et à émettre des signaux corporels pour ne pas se faire gronder (dans une étude de Julie Hecht de 2012, 59% des propriétaires reconnaissent que les comportements de « culpabilité » de leur chien, les conduisent à moins les réprimander (Hecht et al., 2012)..)

Gronder ?

Est-ce que gronder son chien va lui apprendre à ne pas recommencer sa bêtise ?
Et bien pas vraiment car vous avez sûrement remarquer que malgré vos réprimandes, Médor continue à voler dans la poubelle, mâchouiller vos chaussures, etc…

En fait, disputer un chien, ne fait qu’augmenter son stress et ne fait qu’empirer la situation et augmenter l’incidence des bêtises…

Mais alors, que faut-il faire ?

Quand on arrive à la maison et que Médor a fait une grosse bêtise, le mieux est d’ignorer la bêtise (même si ça peut parfois être difficile de garder son calme face à une grosse bêtise).

De ranger sans qu’il le voit (pour ne pas qu’il prenne ça pour un jeu) et puis il faut se poser la question de l’origine de ces bêtises. Votre chien a-t-il assez d’activité physique, intellectuel, masticatoire ? Est-ce le cas, qu’est ce que vous pouvez améliorer quelque chose ? L’ennui est souvent la cause.
Aussi, pouvez-vous anticiper pour empêcher les bêtises en changeant quelques éléments dans votre environnement ?

N’avez-vous pas trop grondé / réprimandé votre chien ce qui augmente les problèmes de comportement.

Je vous encourage à adopter une démarche positive face à votre chien, et si vous ne savez pas ce qu’est l’éducation canine positive, rendez-vous sur la page https://formation.direct-vet.fr/inscription/ pour suivre la formation gratuite d’introduction à l’éducation bienveillante :  la formation Education Bienveillante Starter, qui va vous permettre de faire vos premiers pas dans l’éducation Bienveillante et prendre le chemin qui vous mènera à un duo Humain – Chien cool et équilibré 🙂

Bibliographie :

* Horowitz A, Disambiguating the « guilty look »: salient prompts to a familiar dog behaviour. Behav Processes. 2009 Jul;81(3):447-52. doi: 10.1016/j.beproc.2009.03.014.

* Vollmer PJ. Do mischievous dogs reveal their « guilt »? Vet Med Small Anim Clin. 1977 Jun;72(6):1002-5.

* Hecht J., Miklósi A, Gácsi M, Behavioral assessment and owner perceptions of behaviors associated with guilt in dogs. Applied Animal Behaviour Science 139(1-2) · June 2012

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