Intoxication à l’antigel chez le chien et le chat

Intoxication antigel chien

L’antigel (ou éthylène glycol pour les scientifiques) est un liquide possédant un point de congélation plus bas que l’eau, il est donc classiquement utilisé comme dégivrant pour les pare-brises, comme liquide de refroidissement dans les radiateurs de voitures ou comme additif dans les conduites de chauffage ou de climatisation. Il s’agit donc d’un produit polyvalent que l’on peut facilement retrouver dans les habitations.

Son goût sucré en fait une boisson attirante pour nos animaux domestiques (et malheureusement aussi pour nos enfants). Ceux-ci peuvent en boire en grande quantité sans être rebuté. Il s’agit donc d’une source d’intoxication très fréquente, notamment en période hivernale et au début du printemps. Si elle n’est pas prise en charge rapidement, elle est facilement mortelle.

Après ingestion, l’éthylène glycol passe rapidement dans l’organisme via les intestins pour être métabolisé (c’est à dire transformé en d’autres composés appelés “métabolites”). Le pic de concentration dans le sang est observé au bout de 3 heures seulement après l’ingestion. Les métabolites créés sont des cristaux d’oxalate, ils ne peuvent pas être filtrés correctement par les reins pour être évacués dans l’urine, ils vont donc détruire progressivement les reins

Symptômes :

Les premiers symptômes à apparaître sont ceux d’une intoxication à l’alcool car l’éthylène glycol fait partie de la famille des alcools. On notera ainsi :

  • vomissement
  • grande soif (=polydypsie)
  • augmentation de l’émission d’urine (=polyurie).
  • Symptômes neurologiques (dépression, difficultés locomotrices, diminution des réflexes).

Environ 12 heures après l’ingestion, le chien ou le chat peut sembler aller mieux et ces symptômes peuvent s’améliorer. Toutefois, les lésions rénales vont prendre le relais et occasionner d’autres symptômes 12 à 24 heures après ingestion chez le chat ou 36 à 72 heures après ingestion chez le chien. Ces symptômes d’insuffisance rénale sont :

  • léthargie
  • anorexie
  • vomissement / diarrhée
  • salivation
  • respiration rapide
  • possibilité de convulsion ou coma.

Diagnostic

Vu la variété des symptômes, le diagnostic n’est pas aisé. Le recueil de l’historique du chien ou du chat est de grande importance pour le vétérinaire (présence d’antigel à la maison, possibilité d’en avoir bu, etc…). Les examens complémentaires (prise de sang et analyse d’urine) vont pouvoir mettre en évidence l’insuffisance rénale aiguë.

Par ailleurs, les industriels rajoutent souvent un composé fluorescent dans les antigels (de le fluorescéine) afin de permettre aux professionnels (garagistes, chauffagistes) de détecter les fuites à l’aide d’une lampe spéciale (= lampe de Wood). Les vétérinaires possèdent aussi ce genre de lampe et peuvent ainsi essayer de détecter une fluorescence dans les urines ou bien dans les vomissures des animaux intoxiqués.

Traitement

Comme on l’a vu, l’absorption de l’éthylène glycol par l’organisme est très rapide. Essayer de faire vomir le chien ou le chat pour limiter l’absorption de l’éthylène glycol est une bonne idée mais cela ne pourra être réalisé que pendant 1 à 2 heures après ingestion. Au delà ce sera trop tard et notamment dès que les symptômes neurologiques apparaissent.

Le charbon activé n’est malheureusement pas efficace pour limiter l’absorption de l’éthylène glycol.

Une fois que l’antigel est passé dans l’organisme, le mieux est de commencer des perfusions afin d’aider la fonction rénale.

L’éthylène glycol est métabolisé (=transformé) dans l’organisme pas une enzyme appelée l’alcool déshydrogénase. Une solution consiste à donner un « compétiteur » à cette enzyme afin qu’elle ne métabolise pas l’antigel. Le compétiteur de choix s’appelle le fomépizole, il n’est toutefois pas facilement accessible pour les vétérinaires car c’est un médicament hospitalier. Un autre compétiteur est l’éthanol (alcool éthylique), il est plus facilement accessible (ben oui, c’est de l’alcool tout simplement !) mais son utilisation est sujette à des effets secondaires qui devront être gérés et son dosage doit être précisément calculé.

La prise en charge de l’animal intoxiqué n’est pas aisée. Elle doit être effectuée le plus rapidement possible pour avoir une chance de guérison. Si elle est trop tardive et que tout l’éthylène glycol a déjà été métabolisé, les lésions rénales vont perturber le fonctionnement rénal de manière irréversible et les chances de survie des animaux deviennent très faibles 🙁

Image sous copyright cc by 2.0 par Anthony Easton sur FlickR

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